En disant que « le pire ennemi des démocraties est aujourd’hui le moralisme qui les envahit » Marcel Gauchet, à la faveur de son livre « Le nœud démocratique, aux origines de la crise néolibérale », pose d’emblée un constat provocateur. Le danger serait moins des idées populistes elles- mêmes que du réflexe de condamnation purement morale dont elles font l’objet. Autrement dit la tendance à se dire « vertueux » en rejetant d’un bloc ce qui apparaît comme « nauséabond » (Le populisme) serait un écueil majeur pour le fonctionnement de la démocratie. Dès lors, plutôt que de regarder en face ce que ces courants populistes expriment (colère sociale, sentiment de déclassement, défiance vis à vis des élites entre autres) on se surprend souvent à délégitimer de façon abstraite ou condescendante, ce qui peut avoir pour effet de renforcer le sentiment d’exclusion et d’incompréhension au sein des populations concernées.
D’un tel constat, il nous faut impérativement tirer des conséquences ainsi que des leçons pragmatiques et mener une vraie réflexion afin de proposer des pistes de solutions concrètes.
Pour cela, il nous faut clarifier les propos, analyser les effets de ce moralisme et dégager les conséquences pour la démocratie.